Ronit soit qui mal y voit
Sous mes pavés ta plage. Pour bien fêter l'anniversaire, on aura peut être le droit cette année à une scène lessivée. Ca serait l'occasion de se plonger. De s'immerger. Avec même un peu de chance de se noyer. Parce que pour l'instant. Mais voyez par vous même :
Les sept jours faisait rêver. Film israélien traitant du deuil dans une grande famille. Ou comment passer du poids des traditions aux déchirures intimes, fratricides. Comment la mort et la guerre font ressurgir les problèmes d'argent. Comment l'argent peut être brandi comme valorisation d'un sentiment. Au final, ça n'est pas tant l'originalité du sujet (un petit peu Ceux qui m'aiment prendront le train, sauf que ceux qui l'aiment portent des masques à gaz à chaque alerte) que l'esthétique des images qui fait wouah wouah. Les longs visages livides sous les chevelures noires, les corps drapés dans les vêtements sombres, la maison vidée, les murs blancs, la lumière froide. Et puis Ronit Elkabetz qu'on avait soupçonnée de très grande beauté dans Mon trésor, qu'on avait loupée de près dans Le retour de la fanfare, s'affirme en femme indépendante et fatale. Belle parmi les belles.
Au bout de la nuit n'avait surtout pas son titre pour nous faire rêver. Et pourtant, ce n'était pas une traduction ridicule de Street Kings. Même je trouve que les diffuseurs français ont bien gardé l'esprit du titre original. Et même l'esprit du film tout court. Un bon policier pour M6, si M6 existe encore. Avec du Keanu dedans mais ça fait plus rêver personne.
Soit je meurs, soit je vais mieux, derrière un titre sibyllin, ne cache pas les petites pépites qui éclairaient Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel ou J'ai horreur de l'amour. Du coup, on s'est fait prendre au piège. Les adolescents chez Laurence Ferreira Barbosa sont très silencieux, ils signifient leur exclusion en se murant dans le silence. Ben moi je les préfère prolixes chez Doillon. Au moins c'est expressif. Là, on sent bien que ça devrait être un brin pervers ou malsain mais on n'arrive juste pas à y croire.
Et pendant ce temps là, il pleut averse deverse dehors. Comme quoi, tout n'est pas perdu.