Voici les premières fraises des bois

Publié le par Melimelo

Il pleut ce jour là. A grosses gouttes. Je me dégoutte. Il pleut depuis la fin des épreuves, exactement, le jeudi à midi où nous sommes sortis, la première goutte, exactement. La première après deux semaines de fournaise. Tellement chaud que durant l'épreuve de physique le stylo me glissait, pouah, des doigts, pouah, ça glissait et moi qui n'arrivait pas a coller cette feuille sur la feuille toute gondolée. La feuille trempée par ma sueur. de peur. aussi la grande peur. L'épreuve d'italien où je me suis trompée de texte. L'épreuve de latin où je suis tombée sur le passage de De brevitate Vitae. Surtout à 18 ans, très brève. Encore si brève. Le même passage exactement que ma meilleure amie. Ma Jule, le même passage pour nous. En souvenir de nos voyages dans la coque d'un grand navire, avec le grincement des mâts, lors de ces cours interminabilis de latinus chiantus. Et puis les mathématiques. La chaleur insoutenable. Le coma de la première heure. Les mathématiques de classes maternelles comme me dira ma professeur de physique deux années plus tard. Minisini! vous n'avez pas vu ça en classes maternelles?! heuh, non, il faisait trop chaud. Il faisait trop chaud et tout d'un coup, il a plu. Juste pour nous gacher nos vacances. 
Il pleut et je me serre contre mon amie. On n'aime personne encore. ou des garçons qui ne nous regardent pas, ça rend les choses plus faciles. Il pleut et on va voir les résultats. Tÿphaïne me traîne, elle n'hésite pas, elle marche pour moi. Elle a envie de savoir. Il n'y a pas grand monde, il y a des parapluies. Elle voit la liste avant moi. 'Très bien'. 'Ah bah'. C'est bon, elle est contentée, on tourne les talons. Tout à l'heure on rejoindra notre Jule pour aller dans une boîte de nuit improbable. En province, les boîtes de nuit sont souvent improbables. L'ambiance sera maussade, la reine du lycée n'a pas eu son bac. Elle fera semblant de s'amuser. Nous on a failli se faire refouler à l'entrée. On semble trop jeunes. Plus tard encore, il y aura l'été. Et après, et après, il y aura ce que j'ai toujours voulu, désiré, adoré. Il y a Paris. Sans mes amies. Le grand vide. 'Ah bah'. La trouille de ma vie.

P1010788.JPG



nota bene : c'est comme ça...

Publié dans C'est la vie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article