More spanks and less Dr. Spock

Publié le par Melimelo

Sur des conseils avisés, j'ai accompli ce que d'habitude je me refuse à faire, c'est à dire aller voir un film qui date de plus de trois mois. Et oui, je ne suis pas une cinéphile mais il faut dire aussi que j'ai été traumatisée quand on nous enfermait dans une salle à mater le Septième Sceau, M le maudit et Europe 51 à la suite. Depuis, je fais une allergie au noir et blanc mais ça tombe bien Punishment Park de Watkins est en couleurs. Et même très haut. Pour tout vous avouer, il m'est peu aisé d'avoir un avis tranché sur ce film, mais quand on sort de la salle en se grattant le crâne c'est en général plutôt bon signe. Parce qu'il est très difficile de rattacher Punishment Park à quoi que ce soit qui se soit fait avant (et même après du coup puisqu'il a été tourné en 1970), on est un peu obligé d'examiner l'objet avec un regard tout neuf et des yeux qui pétillent. 

D'abord, le film est extrêmement bien monté puisqu'il entrelace les scènes de procès d'un groupe de jeunes subversifs US à l'époque de la guerre du Vietnam avec le châtiment qu'un autre groupe, qu'on devine avoir subi exactement le même procès quelques jours auparavant, doit endurer. On voit donc les causes et les conséquences s'entremêler, les discours des plaidoyers sur les différents amendements (dont le droit à la vie et à la poursuite du bonheur, ahhh elle est belle la constitution US) alternant avec la marche dans le désert de Californie qui constitue le punishment. Et sans cesse le bruit des balles lie ces deux narrations en une unité d'espace et surtout de temps qui semble boucler sur lui-même, dans l'impossibilité de sortir du cercle vicieux (bouhh le vilain) de la violence. Bref, le monsieur maîtrise.

Ensuite, le traitement original de ce film est de simuler un reportage fait par les chaînes étrangères sur ces camps de prisonniers politiques. Aucune distance n'est donc prise avec le réel et cela n'est pas très étonnant que certains spectateurs aient pensé que les faits présentés étaient authentiques. Surtout avec la petite note à la fin qui montre bien que pour certains acteurs du film, leur vie n'avait rien à envier à celle de leur personnage. Du coup, Watkins refaçonne le discours en utilisant si on peut dire le média cinématographique pour avancer une parole qu'il oublie de qualifier de fictionnelle. Je me trompe ou c'est un petit jeu très dangereux? Bref, le monsieur politise.

Sinon, 80 kilomètres en trois jours, perso, je trouve que c'est pas beaucoup. (on en reparlera).

Publié dans Flims

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A
moi je ne connais que des belges espagnols...ca ne protège pas des expressions pitoresques...
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M
Moi je connais pas de belges à part Marc Dutroux et Tintin de toutes façons...Sinon, Neil, si tu veux je te raconte la fin d'Europe 51, elle meurt à la fin ehehehehe... Mais merci encore.Et puis, c'est marrant que Daney ne parle pas de ce film parce qu'en lisant un article de la revue Esprit (pour ceux qui n'en ont pas) sur le cinéma US des années 70 le mec n'en parlait pas non plus. Bon ok, Watkins est anglais non? mais quand même. ça s'insérait drôlement bien dans le propos de l'article parce qu'il expliquait comment ces années là sont les années de la désillusion par rapport à l'utopie hippie et justement Watkins dans son film il les dégomme. Et oui, là aussi ils meurent à la fin ehehhehehe...
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A
pour faire simple (et genre je m'y connais un peu)...more spanks je suis plutôt d'accord (evidemment tout depend du contexte...)less Dr Spock... après le racisme envers les Belges, voici celui envers les vulcains... attention la pente est glissantesinon Peter Watkins à aussi tourné en noir et blanc (la Bombe, simulation d'une attaque nucleaire au royaume Unis, toujours suivi par la télévision), plutôt réussi pour un 1er filmsi vous désirer en savoir plus sur le monsieur, (outre Munch que je vous conseil de voir s'il passe au cinema) vous pouvez toujours lire son livre Media Crisis avec une annexe 4 particulièrement savoureuse, la facon dont les medias ont couvert la mort de Diana, à lire si vous voulez savoir ce que signifie MMAV (très chic à prononcer en soirée)... je le prête si vous voulez (ou je le vend, j'ai vu une veste Kenzo à laquelle j'arreterais de penser quand je l'aurais achetée(590-19 = pff encore bcp...)... )bon voila (quand je pense que Serge Daney ne parlent même pas de ce film...) un auteur dans l'air du temps en tout cas, même si je ne sais toujours pas si j'aime bien (en tout cas il ne me laisse pas indifferent)
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N
Un vrai coup de poing hein... bougrement efficace en effet ce mélange fiction / réalité.Sinon, Le septième sceau et M le maudit c'est vaaaachement bien (foi de cinéphile.... enfin tu parles d'un cinéphile : a même pas vu Europe 51 O_o)
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