Chuuut, ça tourne
En allant voir un film des frères Dardenne, tu n'es pas certaine de te payer une franche tranche de fou rire, par contre tu es assurée d'apporter de l'eau au moulin du blogounet. Il n'y a pas à dire, il y a des trucs à en dire. Sur Le silence de Lorna, difficile de rester coite (féminin de quoi, de rien).
Mais plutôt que d'écrire une critique en bonne et due forme, voici trois mots livrés pour vous. Vous lirez ceci en mémoire de moi.
L'argent. A l'image du premier plan du film qui montre une main qui compte des billets, Lorna, jeune immigrée albanaise en Belgique, sait compter, elle sait le prix des choses. Elle peut évaluer exactement le montant qu'il lui faudra rassembler pour devenir propriétaire d'un snack en équivalent d'heures passées à la blanchisserie, en mariages blancs, en relations louches qu'il lui faut entretenir avec la mafia locale. Dans un monde où tout circule, les hommes, l'argent, tout est à vendre. Tout sauf, ô surprise, le cul de Lorna. Parce que le don de son corps, elle le fait complétement gratuitement pour sauver un junkie qui avait déjà été comdamné pour une liasse, faisant basculer enfin la libre circulation des capitaux, des marchandises et des personnes (vive le marché commun) en incarnation christique inversée. Ben voyons.
La couleur rouge. Qui dit incarnation, dit chair, dit sang. Dit ceci est mon sang. Si Lorna semble affectionner particulièrement la couleur rouge pour ses habits, cette dernière est étrangement absente du film. Absence du sang de Claudie dont le meurtre est passé sous silence dans une belle ellipse cinématographique. Absence du sang menstruel qui pourtant ne s'incarne pas en enfant réel de chair. Manque de vie, manque d'humain, Lorna tel un petit chaperon rouge s'enfonçant dans les bois, effrayée représente une cible tellement voyante. Comme une petite tomate napolitaine mais je m'égare Edgar.
Le silence. Evidemment. Quand on voit un film, en général on aime bien comprendre le titre. Or, là, précisément le silence je ne comprenais pas. Tout au long du film Lorna explique ses projets, elle ne se tait pas quand les décisions du chef mafieux ne lui conviennent pas, elle avoue même à son fiancé l'avoir trompé avec Claudie. Et en fait, un petit déclic s'est fait dans ma tête sur la scène où en s'échappant au tueur à ses trousses, Lorna se met à se dire à voix haute "Il veut te tuer". Là je me suis d'abord dit tiens, elle se parle à elle même en français c'est étrange, par souci de réalisme, on est chez les Dardenne, je lui aurais plutôt fait dire ça en albanais. Et après, mais non Melo, quelle cloche, ding dong, elle doit parler à son enfant et à celui de Claudie. Le fruit imaginaire de leur lien charnel. Elle parle à ce fantasme et à travers lui libère la parole et sort enfin de ces mots rationnels, sonnants et trébuchants qui en fin de compte ne sont que silence.
Le silence. Evidemment. Quand on voit un film, en général on aime bien comprendre le titre. Or, là, précisément le silence je ne comprenais pas. Tout au long du film Lorna explique ses projets, elle ne se tait pas quand les décisions du chef mafieux ne lui conviennent pas, elle avoue même à son fiancé l'avoir trompé avec Claudie. Et en fait, un petit déclic s'est fait dans ma tête sur la scène où en s'échappant au tueur à ses trousses, Lorna se met à se dire à voix haute "Il veut te tuer". Là je me suis d'abord dit tiens, elle se parle à elle même en français c'est étrange, par souci de réalisme, on est chez les Dardenne, je lui aurais plutôt fait dire ça en albanais. Et après, mais non Melo, quelle cloche, ding dong, elle doit parler à son enfant et à celui de Claudie. Le fruit imaginaire de leur lien charnel. Elle parle à ce fantasme et à travers lui libère la parole et sort enfin de ces mots rationnels, sonnants et trébuchants qui en fin de compte ne sont que silence.